Mesdames, Messieurs,
C’est en vos qualités d’administrateurs de Galimmo, de Cora SA ou du groupe Louis Delhaize, que nous vous interpellons.
Nous sommes les représentants SETCa-fgtb, organisation syndicale présente majoritairement chez Cora Belgique et mandatée par vos travailleurs suite aux assemblées qui se sont tenues les derniers jours dans vos magasins. C’est à ce titre que nous vous interpellons.
Depuis deux ans, les travailleurs Cora vivent un véritable enfer tant l’incertitude sur leur avenir est grande.
Lorsque nous interpellons la direction Cora, par l’intermédiaire de Monsieur Haller, il nous est dit qu’il faut patienter, avoir confiance, qu’un repreneur est recherché.
Jusqu’à présent, il n’est pas question de repreneur pour les magasins Cora.
Entre-temps, depuis deux ans, le groupe Louis Delhaize a complètement démantelé ses activités de retail dans les pays voisins à savoir la France, le Luxembourg et un peu plus éloigné la Roumanie.
En Belgique, Delfood, les magasins Louis Delhaize, Délitraiteur, Match et Smatch ont également été transférés vers d’autres enseignes avec des fortunes diverses pour les travailleurs.
En pratique, et vous êtes bien au courant de la situation, il ne reste en Belgique pour Cora et ses murs que 7 hypermarchés et 7 galeries.
Jusqu’à présent, on nous a toujours dit, tant que l’équilibre existe entre les galeries et les magasins, pas de danger. Le discours est évidemment tout autre quand la situation d’équilibre se dégrade, tant les hypers s’enlisent dans des chiffres d’affaires bas et avec un modèle qui ne recueille plus l’adhésion du grand public. On nous annonçait fin 2024 une recapitalisation dont on craint qu’elle ne soit la dernière.
Presque tous les jours en Belgique des restructurations sont annoncées dans le retail, pire des fermetures ou des faillites.
Souvent Cora, comme petit poucet du secteur, s’est plaint de ne pas pouvoir influer sur le cours des choses, à savoir l’harmonisation des commissions paritaires. Une plainte facile évidemment.
Les rumeurs nous indiquent au quotidien que les galeries pourraient être reprises parce que toujours rentables. Par contre, sur les magasins Cora, et sur le sort des travailleurs des magasins Cora, c’est silence radio ! Ne pas bouger, ne rien dire, laisser une chance à un repreneur providentiel… Pour qui ? pour les galeries !
Ce mauvais suspens a assez duré, vous avez en face de vous des travailleurs Cora fidèles, loyaux à l’entreprise qui se posent la question de savoir de quoi sera fait leur avenir.
Votre personnel est fidèle et en service depuis de nombreuses années. La pyramide des âges ne permettra pas à tous de retrouver un emploi si demain, par impossible, les magasins, venaient à fermer.
Il ne vous aura pas non plus échappé que le contexte politique actuel, qui est à l’activation des demandeurs d’emploi, augure des risques d’exclusion des allocations de chômage pour une partie de vos travailleurs si leur chômage devait durer plus de deux ans.
Vos travailleurs sont compétents, et ne rechignent pas à travailler. Quel serait néanmoins l’employeur intéressé dans le retail à engager une personne de plus de 50 ans avec 30 d’expérience : trop chère, pas assez agile ? En tous cas, plus chère qu’un étudiant ou qu’un flexi job. Là non plus Cora n’a pas été acteur de solutions sectorielles d’encadrement de la précarité, alors que la CCT Coravenir était l’exemple à suivre….
Nous exigeons donc par la présente, la convocation d’un comité de concertation nationale en présence des actionnaires de Galimmo, des actionnaires du groupe Louis Delhaize, ainsi que de Cora.
Jusqu’à présent, notre action par rapport à la presse n’a été qu’une action de blocage du dépôt d’Heppignies.
Il nous a été reproché de faire pire que mieux en faisant des actions. Nous n’admettons nullement cette culpabilisation des travailleurs. Qui sème le vent récolte la tempête ! Rester sourd aux préoccupations des travailleurs ne résoudra rien que du contraire.
Nous pourrions en vouloir à la direction Cora qui depuis des années nous fait des promesses. Nous n’avons jamais rien refusé, aucune négociation. Les travailleurs et leurs représentants ont toujours été acteurs de solutions notamment dans les trois plans de restructuration.
Par contre, jamais, nous n’avons vu l’effet de ces plans sur les chiffres d’affaires des magasins. Les sacrifices , ce sont les travailleurs qui les ont faits. Si la dernière ligne de vos bilans s’est un peu améliorée à une époque, c’est grâce aux effets des régressions sociales consenties par vos travailleurs !
Nous sommes donc porteurs de désarroi, de tristesse, mais surtout de colère face à la situation et les incertitudes qui touchent les travailleurs de Cora.
Nous ne pouvons rester les bras croisés et voir un tel joyau de l’économie wallonne partir à rien avec une direction indifférente au sort des travailleurs. Il ne s’agit pas ici simplement de vous faire part de nos aigreurs et de notre colère, mais d’être acteur de solutions via une première réunion de concertation nationale avec les actionnaires présents autour de la table.
Nous n’avons pas besoin de marionnettes. Nous avons besoin de gens qui puissent prendre des décisions pour l’avenir des travailleurs. Nous attendons donc de votre part qu’une réunion soit mise sur pied rapidement afin, qu’enfin, les travailleurs aient des réponses. Ils y ont droit, ils vous servent tous les jours, ils créent la richesse de l’entreprise et si Cora est toujours debout, c’est grâce à eux, pas grâce à vous. Dans l’attente d’une réponse rapide de votre part, veuillez croire Mesdames Messieurs, à l’expression de notre considération.
Myriam Delmée
Présidente